En 2024, Caumont – Centre d’Art consacre une exposition (du 30 avril au 6 octobre 2024) au génie de Pierre Bonnard et à l’influence de l’art japonais sur son œuvre. Cette première exposition sur ce thème mettra en lumière comment Bonnard, surnommé autrefois le « Nabi très Japonard », a intégré l’esthétique japonaise dans son traitement de l’espace, du temps et du mouvement, créant ainsi des œuvres en rupture avec le naturalisme et l’impressionnisme. Les œuvres du peintre français seront mises en regard d’estampes japonaises pour illustrer leurs correspondances et affinités formelles, soulignant l’importance de cette inspiration pour l’artiste.

Bonnard, le novateur

À la fin du XIXe siècle, Pierre Bonnard (1867-1947), membre du groupe des Nabis, révolutionne les recherches sur la modernité artistique grâce à la subtilité de sa représentation des sensations visuelles. Bonnard partage sa vie entre la région parisienne, la Normandie, l’Isère et la Côte d’Azur, où il achète une maison au Cannet, près d’Aix-en-Provence. L’agitation des villes, la douceur de vivre à la campagne et les paysages baignés de la lumière dorée du Midi offrent à l’artiste des prétextes pour une nouvelle représentation du mouvement et une réflexion approfondie sur la couleur, les sentiments fugaces du quotidien et la beauté des éléments. Peintre du bonheur de vivre, ses œuvres vibrantes révèlent un sens inégalé des couleurs et de leurs infinies variations.

La vague du Japon

Dès les années 1860 et pendant près d’un demi-siècle, un engouement pour le Japon se manifeste en France puis en Angleterre, notamment à travers la première participation du Japon à l’Exposition universelle de 1867.
Bonnard s’intéresse très tôt aux caractéristiques des estampes de l’Ukiyo-e. L’exposition d’estampes japonaises à l’École des Beaux-arts au printemps 1890 constitue une véritable révélation pour lui. Il se détourne dès lors de la représentation du réel et adopte de nouveaux principes esthétiques tels que la souplesse des mouvements, le contraste des couleurs, les lignes en arabesques, le goût prononcé du décor et des éléments stylisés, ainsi que l’aplanissement de l’espace. Son style est dès lors véritablement imprégné de japonisme, terme forgé en 1872 par Philippe Burty pour définir l’impact du Japon sur les arts occidentaux.

L’exposition “Bonnard et le Japon”

À travers cette exposition à l’Hôtel de Caumont, vous pourrez (re)découvrir les œuvres de Bonnard ainsi qu’une sélection d’estampes japonaises issues de la prestigieuse collection Leskowicz, permettant de comprendre comment le style de Bonnard a été marqué jusqu’au bout par les concepts et l’esthétique japonais. Une présentation scénographique dynamique mettra en évidence comment des œuvres d’artistes aussi éloignés dans le temps, l’espace et la culture, soulèvent des questionnements esthétiques proches et expriment des idées, des émotions et des situations présentant de nombreux points communs. Le Japon a très tôt mis Bonnard sur la voie de la couleur, de la lumière, de l’instantané et de l’expression des sentiments éphémères. Sous la direction d’Isabelle Cahn, le catalogue de l’exposition apportera un complément au propos de l’exposition grâce à des contributions scientifiques sur le japonisme et les estampes japonaises.