Toshikata Mizuno (1866-1908) s’impose comme l’un des artistes majeurs de la fin du XIXe siècle, à une époque où l’estampe japonaise (ukiyo-e) traverse une profonde mutation.
Élève du célèbre Yoshitoshi, il hérite d’un savoir-faire raffiné et d’un sens aigu de la composition, qu’il mettra au service d’une spécialité : le bijin-ga, littéralement « image de belle femme ».
Le bijin-ga : une spécialité au cœur de son œuvre
Le bijin-ga occupe une place centrale dans la production de Toshikata. Ce genre, qui consiste à représenter des femmes élégantes dans leur quotidien ou lors de scènes idéalisées, connaît un grand succès depuis l’époque d’Edo et se renouvelle sous la main de Toshikata.
Il excelle à saisir la grâce, la dignité et la douceur des femmes de son temps, tout en insufflant à ses modèles une modernité subtile, reflet de la société Meiji en pleine évolution.

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Parmi ses séries les plus célèbres, « 36 styles de femmes » (Sanjūroku kasen) illustre la diversité des figures féminines à travers l’histoire du Japon, depuis les temps anciens jusqu’à l’ère moderne.
Chaque estampe met en scène une femme dans son environnement, vêtue de somptueux kimonos, occupée à des activités variées : promenade, lecture, contemplation de la nature ou tâches domestiques.
Toshikata y déploie une palette de couleurs délicates, un trait précis et un sens du détail textile remarquable, qui font de chaque portrait une œuvre à la fois réaliste et poétique.
Un regard sensible sur la féminité
L’art du bijin-ga selon Toshikata ne se limite pas à l’esthétisation de la beauté féminine. Il s’attache à révéler la personnalité de ses modèles, leur intériorité, et à témoigner de la diversité des rôles et des statuts des femmes à l’époque Meiji.
Cette approche humaniste distingue Toshikata de ses contemporains et confère à ses œuvres une profondeur psychologique rare.
Une influence durable dans l’art de l’estampe japonaise
Toshikata a marqué de son empreinte la transition entre l’ukiyo-e traditionnel et le renouveau du shin-hanga. Son enseignement a formé plusieurs artistes majeurs du XXe siècle, perpétuant l’art du bijin-ga tout en l’adaptant aux sensibilités nouvelles.
Aujourd’hui encore, ses portraits de femmes demeurent des références incontournables pour les amateurs d’estampe et les historiens de l’art japonais.